Point 10. LA MAISON CERETANA (IV – IIIe siècles av. J.-C.)

Point 10. LA MAISON CERETANA (IV – IIIe siècles av. J.-C.)

Deux types de propriétés ceretani ont pu être identifiés à partir de leurs dimensions. Les maisons adossées à la muraille méridionale sont plus grandes, avec une surface de 65 à 75 m2 environ alors que celles situées à l’Est oscillent entre 40 et 50 m2. Une proportion évidente de 1:2 dans la construction était observée, avec une longueur égale à deux fois la largeur. On pouvait également rencontrer un rapport de 1:√2, ces deux modèles métriques étaient propres au monde ibérique.

Toutes les maisons comptaient deux pièces, l’une devant l’autre. Le premier espace correspondait à une antichambre et était probablement à l’air libre ou à demi couverte par des portiques. Avec une surface quadrangulaire de 30 à 40 m2 (un quinzième de la zone Est), il pourrait s’agir d’une cour multifonction, où étaient réalisées des tâches comme la cuisine ou le stockage de denrées, mais également l’artisanat ou la mise en étable du petit bétail. La deuxième pièce, adossée à la muraille, constituait la chambre à proprement parler, de plan rectangulaire avec une surface moyenne d’environ 30 m2 (20 m2 pour celles de l’Est). C’est dans cette pièce que la vie domestique et familiale s’organisait, puisqu’elle remplissait les fonctions de salle de repos, de cuisine, de salle à manger, ou encore d’atelier pour des activités économiques telles que le filage, la fabrique de tissus, le moulage de métaux ou le stockage d’aliments. La cheminée constituait l’élément principal de cette pièce. Elle pouvait se trouver n’importe où et servait à fournir lumière et chauffage, mais aussi pour cuisiner les aliments. Parfois encore, la cheminée servait à certains rituels et liturgies, de type familial ou collectif.

Les murs étaient constitués d’un soubassement de blocs de pierre et un agrandissement en pisé. Les portes, situées sur les côtés de la façade consistaient en des ouvertures de 1 à 1,3 mètre de large avec un seuil de petites dalles d’ardoise. Le toit semble avoir été fait d’un solivage de bois et de branchages, mêlés à une couche de terre battue pour le rendre plus imperméable. Celui-ci était probablement marqué par des pentes prononcées. Un système de supports en bois répartis uniformément sur tout le périmètre de la salle, aidait à supporter le toit, le plafond et le petit mobilier. Il était fait d’une simple couche de terre battue.

Reconstruction d’une maison de Céret

Dans le cadre des projets de recherche et de valorisation du patrimoine menés par l’équipe d’archéologues et le personnel de l’Espai Ceretània-Castellot de Bolvir, une maison traditionnelle de Céret a été reconstruite selon les techniques, les méthodes et les matériaux de construction utilisés à l’époque ibérique. Le principe de base était le respect absolu des caractéristiques d’origine de la maison. Ainsi, et conformément à la volonté de réaliser la reconstruction selon les critères fondamentaux de l’archéologie expérimentale, des techniques et des matériaux de construction aussi proches que possible de ceux utilisés à l’époque ibérique et documentés sur le site lui-même ont été utilisés (socles en pierre locale, élévation des murs en tovot, toiture en poutres de bois et couverture végétale, etc.).

Ce procédé a permis une reconstruction fidèle de ce qui était une maison typique de Céret, sans tomber dans le mensonge historique ni utiliser de matériaux modernes, tout en facilitant un discours pédagogique adapté à sa compréhension par les visiteurs.

L’ensemble du processus de reconstruction de la maison a été supervisé par l’équipe scientifique qui dirige les fouilles d’El Castellot, garantissant la bonne application des techniques de construction, l’utilisation correcte des matériaux et la réalisation de la documentation pertinente, dans le cadre d’une action multidisciplinaire impliquant des archéologues, des historiens, des architectes et des restaurateurs, entre autres professionnels.

La maison porte le nom d’Aramtar, un nom personnel ibérique – ou peut-être celui d’une divinité – conservé dans l’un des ensembles de gravures rupestres ibériques situés dans la commune de Bolvir.

Image: plan maison IV ceretana indiquée en rouge.

Image: plan hypothétique maison ceretana IV.

Illustration en couleur: perspective axonométrique de la maison ceretana avec visualisation de son intérieur.